▴ Rencontre avec Bernadette Lippens
[2018] Depuis la saison dernière, le BRASS propose les rendez-vous DÉCLIC : adressés aux amateurs de nouvelles technologies comme aux parents inquiets, aux seniors débutants ou aux enseignants curieux, ces rendez-vous visent à discuter de ce qui se joue derrière les écrans. À chaque DÉCLIC, un spécialiste intervient sur une thématique (par exemple, la violence dans les jeux vidéo, les big data, les enfants et les écrans) et la présentation se poursuit par une conversation où chacun peut partager son expérience. Lors du DÉCLIC consacré à l’usage de nos données personnelles, Bernadette Lippens était présente, oreilles tendues à un langage absolument nouveau pour elle.
L’ordinateur, très peu pour moi.
Ancienne ouvrière à la chaîne dans l’industrie automobile, Bernadette Lippens a toujours porté un regard un peu ironique sur l’ordinateur, cet “outil de travail” des employés de bureaux qui n’avaient aucune idée de la pénibilité physique de ses journées à l’usine.
Le temps passant, Bernadette a fini par changer son fusil d’épaule. Le déclic se produit il y a six mois, le jour où, attirée par le titre d’un article sur les allergies, elle achète le magazine “Femmes d’aujourd’hui”. L’article se révèle ridiculement court, il renvoie à divers sites internet, ce qui fait râler Bernadette. Ne voulant pas en rester là, elle décide néanmoins, à presque 65 ans, de s’inscrire aux cours d’informatique de deux asbl forestoises, Entraide et Culture et Forest Quartier Santé. Ni une, ni deux, elle se crée une adresse mail, apprend à surfer sur le web, à se repérer dans Google Maps, à utiliser des logiciels de traitement de texte et s’inscrit même sur Facebook.
Comment fait-on une crème anglaise ?
Malgré tout, Bernadette reste méfiante à l’égard des tablettes, ordinateurs et autres smartphones : “Les gens passent leur temps à questionner leur téléphone ! Que vais-je cuisiner ce soir ?… À force de questionner internet, j’ai peur que les gens n’aient plus rien en tête.” En tant que grand-mère, Bernadette est également interpellée par l’omniprésence des écrans dans le quotidien. “La tablette peut être vraiment empoisonnante dans les rapports humains. Je le vois dans le lien avec mes petits enfants : je ne peux presque plus avoir de conversations avec eux.”
De la livraison à cheval à internet
Malgré toutes ces réticences, il y a quelques semaines, Bernadette est venue participer, avec un groupe d’Entraide et Culture au DÉCLIC consacré à l’utilisation des données personnelles. Ce jour-là, c’est la première fois que Bernadette entre au BRASS. Ça lui rappelle les années 1970, quand elle passait chaque matin devant le bâtiment et croisait le ballet de centaines d’ouvriers arrivant à la brasserie. “C’était une grande maison”, se souvient-elle. “Savez-vous qu’ils ont commencé à livrer la bière avec des chevaux ?”.
Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : si quelqu’un lui avait dit il y a un an qu’elle passerait ce bout de soirée de mai dans l’ancienne brasserie Wielemans à écouter un spécialiste évoquer des questions de piratage informatique, elle ne l’aurait pas cru.