▴ Rencontre avec Benoît De Wael
[2016] Quelques jours avant l’été, le temps d’une journée, le parc de Forest est envahi par une nuée d’œuvres poétiques, d’animations imaginatives, d’installations farfelues. Musique, danse, acrobatie, marionnettes, coin pique-nique… SuperVliegSuperMouche, festival gratuit pour les familles, est le fruit de la collaboration de plus de cinquante partenaires qui travaillent de concert avec les habitants pour préparer l’événement. Toute ces énergies sont coordonnées au WIELS par Benoit de Wael, qui répond à nos questions.
Peux-tu nous raconter les débuts du festival ?
SuperVliegSuperMouche est une initiative des affaires néerlandophones des deux communes, Saint-Gilles et Forest. Dès le départ était présente l’idée que ce festival soit participatif. Lors des premières éditions en 2011 et 2012, les communes ont senti que le festival avait un beau futur devant lui, mais qu’il allait devenir trop grand pour leurs capacités. C’est ainsi qu’elles ont cherché un partenaire ayant le gabarit pour en faire un festival de plus grande ampleur. Elles ont approché le WIELS (Centre d’art contemporain à Forest, bi-communautaire avec une envergure internationale) : en plus d’être bien situé et de s’investir dans le quartier, le WIELS offrait l’avantage de garantir une qualité artistique.
Une organisation participative, qu’est-ce que cela signifie exactement ?
Dans un festival lambda, il y a un comité festif, par exemple cinq personnes, avec un spécialiste programmation, un spécialiste logistique, etc… Chacun se tient à ses compétences. Ici, dès le début, tout est partagé entre les partenaires, tout le monde prend sa responsabilité dans la réflexion, la création du contenu du festival et son organisation. Bien sûr, il y a un comité de pilotage (WIELS, les deux communes, les quatre centres culturels des deux communes : BRASS, Ten Weyngaert, Centre Culturel Jacques Franck, Pianofabriek), qui confirme les grandes lignes et se mobilise pour chercher les fonds. Ensuite, pour préparer le terrain avec les cinquante partenaires, nous nous organisons en groupes de travail.
La dimension participative se retrouve également dans ces « avant-parcours » ? De quoi s’agit-il ?
Ce que nous appelons « avant-parcours », c’est le lien fait en amont avec le quartier, via les écoles, les associations qui organisent le temps extra-scolaire, les associations d’alphabétisation, d’handicapés, les maisons des jeunes… Nous conservons comme priorité de nous inscrire dans le tissu social local, avec des habitants qui, en grande partie, ne vont habituellement pas voir de spectacles. La journée de festival est seulement la partie visible de l’iceberg.
« L’idée est de donner à la population locale une sorte de copropriété du festival, qu’elle se l’approprie. »
Une autre ligne forte du festival est la durabilité. Peux-tu nous expliquer ?
Nous réfléchissons à l’usage de matériaux recyclés et réutilisables (par exemple pour la signalétique du festival), sur la réutilisation des œuvres présentées à SuperVliegSuperMouche (igloos en bois de palettes réutilisés sur le piétonnier). Nous faisons aussi des liens avec d’autres événements culturels en transmettant les contacts des artistes dont les productions ont été montrées à SuperVliegSuperMouche. Enfin, nous considérons comme durable le fait de lier le festival à des avant-parcours, dans le sens où ils sont une manière d’initier les enfants à l’art. Il ne s’agit pas, bien entendu, d’une mission de conversion à l’art, mais c’est une invitation. Nous voulons semer une certaine curiosité, lancer des pistes, montrer qu’il existe des choses qu’on ne voit pas dans la vie quotidienne.
Lors de la dernière édition, plus de 10 000 personnes se sont rendues au parc de Forest pour SuperVliegSuperMouche. Vous n’avez pas peur de devenir victimes de votre succès ?
Jusqu’ici, nous avons su conserver un côté très humain malgré la grandeur, une dimension très spontanée, très joviale, où tout le monde se sent bienvenu. L’année dernière La Libre Belgique, titrait « Un festival super contemporain, super humain et super vert ». Ce titre m’avait beaucoup touché : je pense sincèrement que ce sont trois termes qui définissent très bien le festival.