Où sont les femmes ? *

▴ Rencontre avec Alizée Honoré

projection

[2019] Ceux.celles qui ont fréquenté le BRASS au moment du Parcours d’Artistes 2018 se souviennent certainement des masques en carton de monstres fabuleux présentés sous de frêles lumières colorées. Intitulée « Les Chimères », cette installation alliant arts plastiques et film était le fruit d’une collaboration au long cours entre une classe de primaire et deux artistes, dont Alizée Honoré.
Alizée est de retour au BRASS en mars avec une série de films documentaires réalisés cette fois avec la complicité de jeunes de treize à quatorze ans, élèves de l’Athénée Andrée Thomas à Forest. Leur projet, «Solax Films» sera l’une des pierres apportées à l’édifice militant du Ladyfest BXL accueilli par le BRASS : un festival qui entend améliorer la représentation des femmes dans le secteur culturel, et qui s’affirme comme “une ode à la diversité des combats au féminin”.

Le nom du projet, “Solax Films”, est un clin d’œil à la première réalisatrice de l’histoire du cinéma, Alice Guy. C’est le nom qu’elle avait choisi pour sa société de production. Cent ans plus tard, les femmes sont un peu plus nombreuses derrière la caméra, mais pas tant. Alizée Honoré, l’une d’elles, pointe du doigt la faible représentation des femmes dans un autre corps de métier : la recherche scientifique. Avec deux camarades cinéastes et une classe d’adolescent.e.s, Alizée a décidé de brosser le portrait vidéo de trois femmes scientifiques à Bruxelles : une biologiste spécialiste des fourmis, une pharmacologue, et une historienne dont la recherche porte sur les femmes botanistes belges. “C’est une classe principalement composée de garçons”, s’amuse Alizée. “C’était donc tout un challenge de les aborder avec la question du féminisme”.

 

C’est le hasard qui a fait qu’Alizée a commencé il y a quelques années à pratiquer la vidéo auprès d’un public adolescent. Si cela lui semblait a priori compliqué, elle mesure aujourd’hui la richesse des dialogues engendrés : «Quand on est ado, on vit les choses de manière très extrême. C’est un âge où on est petit.e et grand.e à la fois, où on a envie d’être considéré.e comme un.e adulte. Souvent, les ados qu’on rencontre arrivent avec un discours d’adulte qu’ils répètent sans comprendre. Alors, ensemble, on déconstruit ce discours en leur demandant de préciser leur pensée, avec la même considération qu’on aurait vis-à-vis d’un.e adulte, évidemment. Au final, leur réflexion est d’une intensité étonnante. »

La vidéo n’est qu’un prétexte pour travailler sur les relations de groupe, et pour trouver son propre cheminement.

Les trois réalisatrices de “Solax Films” ne perdent pas de vue un but essentiel de leurs ateliers avec les jeunes : développer l’esprit critique et réfléchir à la manière d’aborder la parole de l’autre. « On discute beaucoup autour de cette interrogation : comment puis-je être fidèle à la parole de la personne que je filme tout en livrant mon point de vue ? Le projet touche à la fois à la question des sciences, à celle de l’égalité des chances mais englobe plus largement notre rapport à la citoyenneté” précise Alizée. “La vidéo n’est qu’un prétexte pour travailler sur les relations de groupe, et d’une certaine manière, pour trouver son propre cheminement au sein de la société.”

 

 

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Solax Films | Ateliers vidéos animés par Alizée Honoré, Ely Chevillot et Géraldine Jonckers, avec des élèves de l’Athénée Royal Andrée Thomas

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*Cet article est rédigé en écriture inclusive. Celle-ci assure une représentation plus égalitaire des genres en mettant fin à l’invisibilisation du genre féminin dans l’orthographe courante.